Artwork – « The Day Is My Enemy » de The Prodigy
Six années se sont écoulées depuis la sortie du dernier Prodigy « Invaders Must Die », le groupe anglais revient cette année avec « The Day Is My Enemy » et son premier clip « Nasty », j’ai décidé d’enquêter et découvrir qui se cachait derrière ce visuel de renard dans la ville. Finalement peu présent sur la toile, je suis remonté jusqu’au sympathique Nick McFarlane, Directeur Artistique vivant de l’autre côté du globe, en Nouvelle-Zélande plus précisément.
J’ai donc eu l’opportunité de discuter par email avec Nick qui a créé cet artwork. Il a été assez sympa pour m’accorder de son temps et répondre à certaines de mes questions quant à sa contribution sur la pochette de cet album de Prodigy. Il est graphiste senior et vit actuellement en Nouvelle-Zélande (n’hésitez pas à jeter un œil à certains de ses autres travaux sur Behance).
Also, as usual, I logically decided to put the english version of my interview, just click « For English Readers ». Thanks !
Bonjour Nick, dans un premier temps, pourrais-tu te présenter ? Car je sais que le graphisme n’est pas ta seule activité.
Et bien, je suis graphiste – tout le reste découle de ça. Art, illustration et même les livres que j’écris sont aussi graphiques que littéraires. Les livres ne sont que le résultat de mes passions réunies en un seul et même endroit.
Désolé si je me trompe mais tu n’as pas l’air de travailler fréquemment avec des groupes, de quelle manière t’es-tu retrouvé à travailler pour The Prodigy ? Est-ce que ton livre Spinfluence qui traite de la manipulation de masse combinée à ton goût du graphisme dans un environnement urbain a pesé dans leur décision ?
Tu as raison. C’est le premier groupe avec lequel je travaille. C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire, créer une pochette d’album et je suis vraiment chanceux que cela se produise avec un groupe aussi incroyable que The Prodigy.
Liam Howlett est un ami de la gallerie Ap-Art à Londres. Il y avait une exposition d’inauguration à laquelle il se rendait. Comme il le disait, il était à la recherche d’inspiration, juste à la recherche d’éléments pouvant déclencher sa propre imagination. Il disait être entré et sur ce bureau, il u avait ce petit livre rouge qu’il a ramassé et il disait « Yo, wo the fok is this? » (« putain mais c’est quoi ça ? ») Il a eu le déclic, il y avait deux-trois images là-dedans qu’il aimait. Ce livre, c’était Spinfluence, mon premier ouvrage publié donc il a récupéré mon email afin de me contacter.
As-tu eu besoin d’écouter l’album en premier avant de commencer à travailler dessus ?
Non. Je suppose que c’est de cette manière que certains trucs finissent sur le web quand les groupes envoient leur musique. Je n’ai donc pas demandé à écouter même si j’aurais adoré. J’ai juste posé quelques questions à propos de la manière dont cela allait sonner, et quels pouvaient être les titres de certains morceaux afin d’avoir une idée de son atmosphère.
Quel a été ton process de travail pour cet artwork ? As-tu une méthode typique quand tu abordes le graphisme et est-ce que le groupe était directement impliqué ou t’ont-ils laissé travailler avant de te livrer leur avis ?
C’était le processus le plus long auquel j’ai pu être impliqué pour une simple image. Au final, cela a pris 166 essais avant que je sois dans le bon suite à une période de travail de 6 mois ! Cela inclut des artworks très aboutis, informels, des esquisses et des travaux à moitié terminés. Je me contentais de balancer des trucs à Liam pour voir comme il le sentait.
Quelle était l’idée principale derrière ce travail ? Et quelles ont été tes éventuelles influences sur ce coup ?
Un jour, Liam a suggéré d’utiliser un renard en tant qu’emblême pour le groupe et l’album. C’était vraiment parfait. Les renards ne sortant que la nuit. Tout comme The Prodigy. Et ils sont chassés par la haute société britannique qui en fait un sport sanglant, ce sont donc des rebelles. Comme The Prodigy.
Visuellement, mes influences ont toujours été le street art et le graphisme de protestation. Des images qui se doivent d’être simples, graphiques et fortes.
Quells ont été les outils utilisés pour cette couverture ?
Cette image fut entièrement conçue sous Photoshop. Ho et une vieille photocopieuse noir et blanc. Je les ai toujours utilisées pour avoir une texture granuleuse.
As-tu travaillé sur la police et l’as-tu créée (car je l’adore) ?
Malheureusement, non. Mais je l’adore aussi ! Il y a un autre designer qui s’est occupé de l’artwork pour le titre Nasty et c’est cette personne qui a développé la police en utilisant de la bande adhésive je suppose. C’est punk. C’est cool.
Il y a un lien très fort entre ton travail et les deux vidéos (« The Day Is My Enemy » mais aussi tout particulièrement « Nasty »), as-tu participé d’une manière ou d’une autre ? Si c’est le cas, peux-tu nous en dire plus à propos de ces vidéos ?
À nouveau, non. Jusqu’à maintenant, tout ce que j’ai fait s’en tient à cette image. Clairement cette esthétique a influncé la direction artistique de ces clips. Peut-être que si j’étais à Londres, j’aurais été à même d’en faire plus mais lorsqu’il est question de vidéos, Liam a besoin de quelqu’un qui ne soit pas de l’autre côté du monde pour les faire !
Y’a-t-il d’autres visuels sur lesquels tu aurais travaillé pour cet album et nous en parler ?
Pour le moment, juste cette image qui tue du renard ! Définitivement la plus importante créée dans ma vie !
De quelle manière as-tu apprécié cette première expérience avec un groupe si important ?
Incroyable ! Je ne peux décrire à quel point c’était cool de réaliser le rêve d’une vie et travailler avec un groupe dont j’ai été fan si longtemps. Je vais les voir jouer à Brisbane dans quelques semaines et j’ai hâte de voir ça.
Y a-t-il des groupes pour lesquels tu aimerais travailler ?
Si je devais choisir la bande-son idéale pour représenter mon travail, ce serait The Prodigy. Je déconne pas. J’ai entendu Liam dire dans une interview ‘la colère est une énergie’ qui sont en fait des paroles du groupe punk Public Image Limited. Le truc dingue, c’était mon mantra quand j’ai écrit mon premier livre Spinfluence et que j’avais besoin de continuer à croire que ce ne serait pas une perte de temps, je devrais dessiner avec la rage au ventre pour me surpasser. En tout cas, si les Dead Kennedy venaient à se reformer, je serai partant pour !
Quel conseil donnerais-tu à un jeune graphiste ?
Les graphistes devraient être des rebelles, des anarchistes et des provocateurs. Il y a tellement de trucs dingues qui ont lieu dans le monde aujourd’hui, de la corruption de masse aux guerres inutiles, je pense que les graphistes devraient utiliser leur voix visuelle comme arme de protestation. Être créatif et ne pas suivre les tendances. Être en colère, être actif, créer. Ne restez pas inactifs !
Dernière pour déconner, je sais que KimDotCom a aimé ton livre Spinfluence, est-ce que tu vas lui dire de garder un oeil sur sa plate-forme Mega de manière à ce que les gens ne se « partagent » pas l’album de The Prodigy ?
Je crois qu’il a suffisamment de souci avec le gouvernement né-zélandais en ce moment !