Artwork – « Hesitation Marks » de Nine Inch Nails

Fan devant l’Éternel, je ne pouvais passer sous silence l’artwork d’Hesitation Marks de Nine Inch Nails. Chose intéressante pour cet album cuvée 2013, un retour à une imagerie plus traditionnelle et en rupture avec les derniers artworks  qui étaient l’œuvre du Directeur Artistique attitré du groupe, à savoir Rob Sheridan. C’est donc Russell Mills à l’origine de ces visuels. Petit retour sur leurs conceptions.

Sheridan l’annonçait lui-même, le nouvel album allait effectuer un virage à 180° des visuels de « Welcome Oblivion », l’album de How To Destroy Angels que j’avais précédemment abordé. Trent Reznor passait donc d’un univers marqué par le glitch digital à un environnement visuel naturel et plus organique. Mills ayant produit pour l’occasion 30 œuvres différents qui seront exploitées sur les différents visuels de l’album.

Couverture édition CD

Couverture édition CD Standard
“Time And Again” (Plâtre, terre, peinture à l’huile, acrylique, vernis gratté, lin et rouille, sang, lames de microscope, sur bois).

Si ces visuels vous rappellent quelque chose, c’est normal, l’artiste avait déjà travaillé pour NIN en 1994 pour l’album « The Downward Spiral ».

Couverture "The Downward Spiral"

Voici les quelques mots que Russell Mills a eu sur le Tumblr du groupe :

Les artworks (30 œuvres mélangeant les médias) que j’ai créés pour les différentes versions d’Hesitation Marks, ont évolué à la suite des très longs échanges entre Trent et moi-même et en réponse aux idées conceptuelles qui m’ont servi de fil rouge au long des titres et au territoire « sonique » que l’album explore. J’ai essayé de me caler à l’ambiance prédominante de l’album et de faire écho à son essence même. Les idées ne sont pas communiquées de façon littérale ou dans une forme facilement appréhendable, parce que cela me semblerait ennuyeux et insultant à l’intelligence même du public potentiel.

J’ai essayé de réaliser des travaux qui fassent allusion à l’essence même du sujet et non à son noyau émotionnel. Tout comme les travaux que j’ai moi-même initiés -les peintures, assemblages, collages et installations multimédia- des idées personnelles et obsessions se sont insinuées dans ces travaux. L’organique, le naturel prenant le dessus sur l’industriel, la réalisation humaine, est un thème récurrent dans mon travail de façon générale et dans ce cas, particulièrement adapté au travail requis.

Ces travaux explorent les idées de catharsis, de l’être à la dissolution à l’être à nouveau, tous deux d’un point de vue social et sociologique. Ils font allusion aux idées d’ordre et de chaos. Ils traitent des manières de suggérer la présence dans l’absence. Ils sont un croisement entre le médico-légal et la pathologie du personnel dans lequel restent quelques fragments, dans lequel on aurait de minuscules indices pouvant suggérer des événements passés. Ils essaient de maitriser le chaos d’une situation, du trauma personnel, de la condition humaine, en une forme qui soit cohérente, une forme qui s’accommode du désordre sans chercher à le cacher sous une autre forme. Ça essaie de capturer l’essence de ces idées par l’implication et l’exclusion. Sous la forme repose le flux incertain et incessant du désordre, du chaos. Un amalgame du contextuellement ancré et du process dirigé, ils sont, j’espère, puissants, saisissants, séduisants, suggestifs et retentissants. J’espère qu’ils inviteront à de multiples lectures.
  •  CAME BACK HAUNTED

Lynch+Reznor-001

Quant au clip de « Came Back Haunted » (vidéo en tête de cet article), celui-ci est « l’œuvre » de David Lynch. Oui, je mets des guillemets car même si je n’ai jamais été grand fan du réalisateur, je trouve ce clip vraiment moyen (pour ne pas dire mauvais). Le groupe filmant déjà peu de vidéos, l’idée se cachant derrière tout cela est difficile à appréhender (du Lynch en même temps) et surtout d’un point de vue technique, je trouve ça d’une pauvreté sans nom. Le montage est répétitif, peu intéressant et les effets particulièrement ennuyeux. À en croire que le célèbre réalisateur venait de découvrir les effets de rotation sous un logiciel de montage.

Voici quelques photos du shooting prises par Rob Sheridan.

Cette collaboration n’est pas une première puisque les deux avaient déjà travaillé sur le film The Lost Highway dont Reznor avait réalisé la BO (dont son titre phare « The Perfect Drug »). Les deux artistes se voueraient une certaine admiration réciproque puisque Lynch étant un réalisateur travaillant sur le détail, certains n’ont pas manqué de remarquer des appâts de pêche à la mouche sur la couverture iTunes Deluxe. Il se trouve justement que le shérif Harry S. Truman offrait la même chose à l’agent Dale Cooper durant l’épisode 10 de la saison 2 de Twin Peaks (là dessus, je vais faire confiance au magazine Spin sur cette interprétation).

Lynch+Reznor-011

Et si le réalisateur a récemment sorti un second album musical intitulé « The Big Dream (Sacred Bones) », il évoque ici la « puissance cinématographique du rêve logique, suivant au plus près le raisonnement des cauchemars ». Basée sur la répétition, la vidéo s’avérera sensible pour les personnes épileptiques. Plans flou, éléments visuels clignotants, surimpression de ballerine par dessus un insecte se succèdent aux quelques plans fugaces du visage de Reznor en très gros plan ou encore de personnages hideux qui en rappelleront d’autres entrevus dans les clips de Tool. Le titre lui-même se veut comme un titre sonnant le retour d’un Reznor « hanté » (un peu comme le faisait Soundgarden avec son tittre « Been Away For Too Long »).